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Gouvernement : les nouvelles places de l'écologie et de l'énergie dans l'appareil d'Etat (décret du 11 janvier 2024 relatif à la composition du Gouvernement)

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A la suite de la publication du décret du 9 janvier 2024 portant nomination du Premier ministre ( Gabriel Attal), le président de la République a signé le décret du 11 janvier 2024 relatif à la composition du Gouvernement. Une composition marquée par la nouvelle organisation des administrations en charge de l'écologie et de l'énergie au sein de l'appareil d'Etat. Le ministère de la transition énergétique est supprimé et son administration devrait être rattachée au ministre de l'économie. Premières observations dans l'attente du décret de nomination du reste du Gouvernement (ministres délégués et secrétaires d'Etat) et des décrets d'attributions des ministres.

NDLA : la présente note n'engage que son auteur.

A titre liminaire, il convient de souligner que la présente note a pour unique objet de présenter les motifs et conséquences de la modification de la place de l'énergie dans l'organigramme gouvernemental et dans l'organisation de l'appareil administratif de l'Etat.

Il est important de rappeler que la politique énergétique et climatique procède, pour l'essentiel, d'objectifs et de principes définis en droit de l'Union européenne. Par ailleurs, il est tout aussi important de souligner que, sur le plan économique, les énergies renouvelables connaissent un succès croissant, dans le monde (cf. le rapport de l'Agence internationale de l'énergie du 11 janvier 2024). Il n'est donc pas certain que la nouvelle organisation de l'appareil administratif, marquée par le souhait du président de la République de procéder à une "relance" de l'énergie nucléaire en France se traduise immédiatement par une modification de l'équilibre des sources d'énergie électrique, tel qu'organisé notamment par la directive RED III du 18 octobre 2023 que l'Etat français doit transposer.

I. Le maintien de la "planification écologique et énergétique" dans le titre de Premier ministre

Le titre de "Premier ministre" est demeuré inchangé, tant aux termes du décret du 16 mai 2022 portant nomination d'Elisabeth Borne, qu'aux termes du décret du 9 janvier 2024 portant nomination de Gabriel Attal. La rédaction de ces deux décrets signés du président de la République ne fait état que des titres de "Première ministre" ou de "Premier ministre", sans référence à la planification.

Ce sont les décrets relatifs à la composition du Gouvernement qui ont enrichi d'une référence à la "planification écologique et énergétique".

- Le décret du 20 mai 2022 relatif à la composition du premier gouvernement d'Elisabeth Borne lui a conféré, pour la première fois, le titre de "Première ministre, chargée de la planification écologique et énergétique".
- Le décret du 11 janvier 2024 relatif à la composition du premier gouvernement de Gabriel Attal lui a conféré également le titre de "Premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique".

Pour mémoire, le Premier ministre dispose du secrétariat général à la planification écologique(décret n° 2022-990 du 7 juillet 2022 relatif au secrétariat général à la planification écologique et décret n° 2023-1132 du 4 décembre 2023 modifiant le décret n° 2022-990 du 7 juillet 2022 relatif au secrétariat général à la planification écologique). Par décret du 13 juillet 2022, Antoine Pellion a été nommé secrétaire général à la planification écologique.
II. Le maintien du ministre chargé de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Le maintien du titre et du périmètre. Le décret du 20 mai 2022 relatif à la composition du premier gouvernement d'Elisabeth Borne classait Amélie de Montchalin, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, au 5ème rang de l'ordre protocolaire.Par un décret du 4 juillet 2022, Christophe Béchu a été nommé ministre au sein du Gouvernement d'Elisabeth Borne, avec le titre de "ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires". Il conserve ce titre, inchangé, et sa place (5ème) dans l'ordre protocolaire.

L'évolution de la place du ministre dans l'ordre protocolaire. Aux termes décret du 11 janvier 2024 relatif à la composition du premier gouvernement de Gabriel Attal, Christophe Béchu conserve le titre de ministre de la transition écologique et et de la cohésion des territoires qui est donc inchangé depuis 2022. Toutefois, entre 2022 et 2024, ce ministre est passé de la 5ème à la 10ème dans l'ordre protocolaire des ministres du Gouvernement. Pour être précis, il est possible que le rang protocolaire de ce ministre soit passé de la 5ème à la 10ème place à la suite de la publication du décret du 20 juillet 2023 qui modifie la composition du Gouvernement d'Elisabeth Borne. La présidence de la République a en effet publié un communiqué aux termes duquel, le ministre de la transition écologique apparaît au 10ème rang.

Une chose est certaine : ce ministre était premier en 2007, 5ème en 2022 et est désormais 10ème en 2024.


III. La suppression du ministère de la transition écologique et le transfert de l'administration de l'énergie vers le ministère de l'économie : la fin du "super ministère de l'écologie"

A. La suppression du ministère de la transition énergétique

Aux termes du décret du 20 mai 2022 relatif à la composition du premier gouvernement d'Elisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher, a été nommée "ministre de la transition énergétique". Le ministère de la transition énergétique ne figure pas dans le décret du 11 janvier 2024 relatif à la composition du premier gouvernement de Gabriel Attal et a donc été supprimé. L'administration de l'énergie devrait désormais être dirigée par M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Il convient cependant d'attendre :
- d'une part la nomination éventuelle d'un ministre délégué ou d'un secrétaire d'Etat qui pourrait avoir en charge, aux côtés du ministre de l'économie, de diriger l'administration de l'énergie.
- d'autre part, la publication du décret d'attribution des ministres pour vérifier si le ministre chargé de la transition écologique peut encore disposer de cette administration et, dans l'affirmative, dans quelle mesure.

B. La suppression du "super ministère" de l'écologie

Si l'information est confirmée dans le texte des prochains décrets d'attribution des ministres de la transition écologique et de l'économie, le transfert de l'administration de l'énergie du ministère de l'écologie au ministère de l'économie constitue une rupture avec le choix opéré en 2007, lors de la préparation du Grenelle de l'environnement. Pour mémoire, l'administration en charge de l'énergie a été rattachée en 2007 au ministère en charge de l'écologie. La réunion des administrations en charge de l'écologie (DGPR, DGALN..) et de l'administration en charge de l'énergie (DGEMP puis DGEC) était au coeur de la création du "super ministère de l'écologie".

La création du super ministère de l'écologie en 2007. Par un décret n°2007-995 du 31 mai 2007 relatif aux attributions du ministre d'Etat, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, Jean-Louis Borloo est notamment chargé de la politique de l'énergie. Il "prépare et met en oeuvre la politique du Gouvernement dans les domaines du développement durable et de l'environnement, de l'énergie et des matières premières, de la sécurité industrielle, des transports et de leurs infrastructures, de l'équipement, de l'urbanisme et de l'aménagement foncier, de l'aménagement de l'espace rural et de la forêt, de l'aménagement et du développement du territoire et de la mer, à l'exception de la pêche, des cultures marines et de la construction et de la réparation navales". A ce titre, le ministre a "autorité sur la direction générale de l'énergie et des matières premières" qui est alors encore le nom de l'administration centrale chargée de l'énergie.

Postérieurement au Grenelle de l'environnement d'octobre 2007, le décret n°2008-680 du 9 juillet 2008 portant organisation de l'administration centrale des ministères chargés de la transition écologique, de la cohésion des territoires et de la mer consolide l'organisation de ce "super ministère". Il confirme que la "direction générale de l'énergie et du climat" est bien située dans le périmètre du ministère de la transition écologique : "outre l'inspection générale de l'environnement et du développement durable, qui peut siéger en formation d'autorité environnementale, et l'inspection générale des affaires maritimes, l'administration centrale des ministères chargés de la transition écologique, de la cohésion des territoires et de la mer comprend : (..) la direction générale de l'énergie et du climat". La composition et les missions de cette direction sont définies à l'article 4 de ce décret. 

S'agissant de la compétence du ministre de la transition écologique pour piloter les négociations internationales sur le climat, le décret du 23 juin 2009 relatif à la composition du Gouvernement enrichit le titre : "M. Jean-Louis Borloo est nommé ministre d'Etat, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat." Cette référence aux négociations sur le climat dans le titre du ministre de la transition écologique ne sera pas conservé.

Le décret n° 2020-869 du 15 juillet 2020 relatif aux attributions du ministre de la transition écologique confirme cette compétence du ministre chargé de la transition écologique, en matière d'énergie.

La nomination de deux ministres à la tête du super ministère en 2024. Le décret du 20 mai 2022 relatif à la composition du premier gouvernement d'Elisabeth Borne distingue deux ministres à la tête du super ministère dont la direction reste à l'hôtel de Roquelaure, bouleard Saint-Germain à Paris. Christophe Béchu a été nommé 'ministre la transition écologique et des territoires" et Agnès Pannier-Runacher, a été nommée "ministre de la transition énergétique". Le ministère est donc dirigé par un même secrétaire général mais compte deux ministres dont les bureaux seront localisés au même endroit


Par un décret n°2022-832 du 1er juin 2022 relatif aux attributions du ministre de la transition écologique et des territoires - confié à Amélie de Montchalin puis à Christophe Béchu - la politique et l'administration sont confiées à la ministre de la transition énergétique mais le ministre de la transition écologique est "associé". 

- S'agissant du pilotage de la politique de l'énergie, l'article 1er de ce décret du 1er juin 2022 précise en effet que le ministre de la transition écologique "est associé par le ministre de la transition énergétique à l'élaboration de la politique de l'énergie, afin, notamment, d'assurer la lutte contre le changement climatique et de promouvoir la transition énergétique, en particulier grâce à la rénovation et la performance énergétiques des bâtiments. Il est associé aux négociations internationales et européennes relatives à l'énergie et au climat." Par ailleurs, le ministre de la transition écologique est "associé" aux négociations internationales sur le climat : "Il est associé aux négociations internationales et européennes relatives à l'énergie et au climat."

- S'agissant du pilotage de l'administration de l'énergie, le ministre de la transition écologique a autorité, conjointement avec le ministre chargé de la transition énergétique. En effet, aux termes de l'article 3 du décret du 1er juin 2022, Cette "autorité s'exerce : (...) 3° Conjointement avec le ministre de la transition énergétique, sur la direction générale de l'énergie et du climat pour l'exercice des compétences relatives à l'adaptation au changement climatique, à la qualité de l'air et la réglementation technique des véhicules."

En 2024, l'administration de l'énergie devrait donc être de nouveau rattachée au ministère de l'économie qui aura notamment la charge de défendre le projet de loi relatif à la souveraineté énergétique qui devrait être prochainement présenté en conseil des ministres. Reste à savoir si le ministre chargé de la transition écologique sera encore "associé" à la conception et à la mise en œuvre de la politique énergétique et aux négociations internationales et européennes sur le climat. Pour cela, il convient d'attendre la publication des nouveaux décrets relatifs aux attributions des ministres. 

Arnaud Gossement

avocat et professeur associé à l'université Paris I

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